Ne plus souffrir de la comparaison sociale

Comparaison social

Le concept de la comparaison sociale ne date pas d’hier, et encore moins de l’avènement des réseaux sociaux. Nous avons, depuis toujours, cherché à nous comparer à autrui. Oui mais pourquoi? Nous sommes des êtres profondément sociaux, et nous éprouvons le besoin de nous positionner par rapport à notre entourage.

Festinger (1954), psychologue social autrement plus connu pour sa théorie sur la dissonance cognitive, est l’un des précurseurs du concept de comparaison sociale. Il énonce deux postulats :

  • l’individu a un besoin vital d’évaluer ses compétences, idées et croyances
  • en l’absence de toute base objective d’évaluation, il se compare aux autres afin de se positionner

Se comparer répond a un besoin de se positionner par rapport à une structure sociale donnée (image neutre, positive ou négative). Elle permet de s’affilier à des personnes semblables (identification) et de se représenter une image la plus exacte possible de soi.

compétition entre deux hommes

Quels sont les différents types de comparaison?

Il existe trois types de comparaison: ascendante, latérale et descendante.

La comparaison sociale ascendante

C’est le fait de se comparer à meilleur que soi. Elle favorise l’accomplissement et l’amélioration. Cependant, elle dépend aussi de la solidité de l’estime de soi. Cette comparaison sociale ascendante peut aussi bien être motivante et valorisante lorsque l’on sent que l’on a les moyens de s’en approcher, que menaçante lorsque l’on pense ne pas avoir les ressources nécessaires pour l’atteindre. Cette comparaison dépend également du degré d’écart entre les deux protagonistes. Elle doit être dosée en terme de distance entre soi et l’autre. En d’autres termes, si l’individu est suffisamment près de lui en terme de comparaison, la comparaison sociale ascendante sera motivante ; si elle est trop éloignée, elle sera menaçante. Les bénéfices de la comparaison sociale ascendante sont variées : l’obtention d’informations utiles pour réussir, l’augmentation du degré de motivation et du niveau de confiance ou encore la planification de nouveaux projets.

La comparaison sociale latérale

Elle se caractérise par le besoin de se comparer à des individus du point de vue des opinions, des compétences ou du contexte. Le sujet a besoin d’être le plus exact possible sur ce qu’il est, et de confirmation qui il est. Cela se fait dans un but de contrôle social, une recherche de similitudes. Il y a trois objectifs à cela : l’affirmation de la nature de ses préférences, la prédiction de ses choix et de ses comportements par rapport au futur, et la validité de ses croyances.

La comparaison sociale descendante

C’est le besoin de se comparer à un individu perçu comme inférieur à soi. Les effets bénéfiques (Wills (1981)) sont de se rassurer par rapport à autrui, de valoriser ce qui est positif dans le contexte, et de se définir sur les dimensions valorisantes. Les effets néfastes, quant à eux, sont la contamination lorsque le degré d’identification à la personne à laquelle on se compare est forte, et donc la régression.

Le fléau des réseaux sociaux

Cette théorie est bien évidemment toujours d’actualité. Nous passons nos journées à nous comparer sur les réseaux sociaux, à regarder la vie des autres et à se dévaloriser. De la jalousie est ressentie pour des personnes que nous ne connaissons bien souvent pas et dont, surtout, nous ne connaissons rien. Nous nous contentons de l’apparence qu’elles donnent de leur vie. Ces réseaux sont consultés en grande partie par les adolescents. Ces derniers sont dans une période charnière de leur développement physique, affectif, mental. Or, il a été annoncé que près de 32% des adolescentes sont en détresse psychologique… à cause d’Instagram ! Complexes physiques amplifiés, hausse des angoisses, tentative de suicide… Ce réseau social, qui voue un culte à la beauté et la richesse, est hautement visé.

les ados sur leur téléphone

La perfection réside dans chaque chose

Sur l’une de ses nombreuses vidéos consacrée à la différence, Alexandre Jollien, écrivain, énonce une phrase connue de Spinoza: « par réalité et par perfection, j’entends la même chose« . Pour l’anecdote, à ces mots, un de ces correspondants, Blyenbergh, lui rétorque que tout ne peut pas être parfait. L’aveugle par exemple ne l’est pas. Spinoza lui propose donc cette réflexion: « est ce que vous regrettez de ne pas avoir des ailes comme des oiseaux? » Blyenbergh répond par la négative. « Mais si tout le monde avait des ailes, sauf vous, est ce que ça ne vous manquerait pas de ne pas avoir des ailes? »

Jollien rajoute que ce qui ne manque pas en réalité nous manque dès que l’on se compare aux autres. La comparaison peut donc être un instrument de vie ou bien une prison. Ne plus se laisser déterminer par le regard de l’autre, s’en dépouiller, bâtir une liberté intérieure… C’est peut-être aussi ça, l’un des secrets du bonheur.

Pour finir

Il est donc naturel de se comparer et de penser manquer de ce que nous n’avons pas. Mais libre à nous de choisir à qui nous avons envie de nous comparer, et surtout quelles conséquences cette comparaison aura sur ma vie et mon mental. Nous sommes tous doués pour quelque chose et nous avons tous des trésors au pied de nos portes, savourons-les.


Festinger, L (1954), Human Relations, A Theory of Social Comparaison Processes.

Wills, TA (1981), Principes de comparaison descendante en psychologie sociale. 

Vidéos enrichissantes d’Alexandre Jollien

© Article écrit par Pauline GEORGE | Psy en ligne