Haut Potentiel Intellectuel (HPI) : 7 signes qui ne trompent pas

HPI

Surdoué, intello, zèbre, atypique… Les termes ne manquent pas pour décrire une personne ayant un Haut Potentiel Intellectuel, mais les stéréotypes vont aussi bon train. Le terme d’HPI est tellement médiatisé ces derniers temps, parfois même galvaudé que, si on écoutait tous les parents à la sortie des écoles, il y aurait autant de hauts potentiels que d’élèves dans la classe ! Et pourtant, les techniques d’imagerie cérébrale sont formelles et démontrent que le fonctionnement neurologique des HPI est différent de celui des neurotypiques, donc ce diagnostic va au delà des simples constatations. Les IRM montrent de nombreuses connexions neuronales qui ont pour conséquence une pensée en arborescence.
Les Hauts Potentiels Intellectuels font partie de la grande famille des neuro-atypiques, au même titre que les autistes ou encore les TDA/h.
Est-ce qu’une personne dite HPI est vraiment plus intelligente que les autres ? Raisonne t-elle plus rapidement ? Est-elle un génie ? Y en a t-il plus qu’avant ? Comment sait-on que l’on est haut potentiel ? Trop de questions gravitent autour de ce profil et nous tenterons d’y répondre ici.

Quand, comment et pourquoi savoir si l’on est HPI ?

Quand ?

Lorsque l’on interroge les personnes ayant eu un diagnostic officiel de HPI, les discours coïncident : la grande majorité se sentait en décalage avec leurs pairs, comme inapproprié à ce monde ou comme n’ayant pas le bon mode d’emploi. Certains avaient des prédispositions particulières, sans nécessairement être plus intelligents, d’autres s’ennuyaient en classe et d’autres encore se torturaient l’esprit de mille et une questions existentielles qui pouvaient souvent les empêcher de dormir. Ce sont ces signes qui sont pris en considération par les parents, les enseignants ou encore les médecins et qui permettent de se poser les bonnes questions et d’entreprendre les bonnes démarches.
Cette prise de conscience peut se faire dès la maternelle, en constatant une prédisposition pour la lecture ou les mathématiques, ou par un type de raisonnement particulièrement fluide et avancé, une maturité dans les réponses apportées, etc. Mais la détection d’un HPI peut se faire bien plus tard, même à l’âge adulte, que ce soit via des lectures, des podcasts, des rencontres ou via ses propres enfants qui permettent de faire une relecture du passé (« mon fils est différent mais il me ressemble quand même énormément au même âge… »).

Comment ?

Pour officialiser un Haut Potentiel Intellectuel, il faut passer un test de QI (Quotient Intellectuel) chez un psychologue ayant eu cette formation préalable. Il y a des tests adaptés en fonction des âges :

  • un WPPSI-IV pour les enfants entre 2 ans ½ et 6 ans ½
  • un WISC-V pour les enfants entre 6 ans ½ et 16 ans
  • une WAIS-IV pour les adultes

Une personne sera considérée comme HPI si son score au test de QI est supérieur à 130. Ce nombre n’est pas donné au hasard. Il a été impulsé à partir de la moyenne de la population globale, qui est de 100, plus ou moins 15 (donc entre 85 et 115). D’après la courbe de Gauss ci-dessous, cela signifie que 68% de la population de situe dans cette zone. La zone des surdoués, quand à elle, a été définie à 130 et +, ce qui représente deux écart-types au-dessus de la moyenne de la population. 2,5% de la population est donc concerné par cette zone. Et cela n’évolue ni avec le temps, ni avec l’évolution exponentielle des passations de test de QI.

Courbe de Gauss QI
COURBE DE GAUSS

D’autre part, le test doit être homogène pour pouvoir parler de Haut Potentiel Intellectuel. En effet, si les subtests sont trop hétérogènes, c’est-à-dire si leurs scores respectifs sont trop éloignés les uns des autres, il n’est pas possible de faire une moyenne interprétable, néanmoins chaque subtest donnent lieu à son interprétation propre.
Enfin, gardons en tête que le terme “Haut potentiel” exprime davantage l’idée de capacités plus que de performance. Les HPI sont capables de grandes choses mais ne se réalisent pas nécessairement.

Pourquoi ?

Faire un bilan ne consiste pas uniquement à savoir si son QI est supérieur ou non à 130. Dans ce cas, il n’aurait aucun intérêt. Un bilan cognitif sert avant toute chose à avoir une sorte de mode d’emploi de qui nous sommes. Le psychologue ne prendra pas uniquement en compte les résultats du test mais également l’attitude, le comportement, l’hésitation, l’impulsivité… tous les indices permettant de mieux nous appréhender, de connaître nos forces et nos faiblesses et surtout les pistes pour s’accepter (apprendre à vivre avec qui l’on est) et/ou s’adapter (connaître les leviers d’amélioration pour être en accord avec ce que la société attend de nous).
Et même si le bilan cognitif ne montre pas un QI supérieur à 130 et donc ne valide l’hypothèse de la « surdouance », il est tout de même intéressant de par la pluralité de ses champs d’action. Le bilan sert à mieux se connaître pour mieux être en accord avec soi-même.

Quels sont les points communs entre tous les HPI ?

Bien évidemment, nous sommes tous différents, et deux HPI ne vont absolument pas systématiquement se ressembler, ni même forcément s’entendre. Cependant, il existe des traits caractéristiques communs à tous les HPI, et c’est d’ailleurs à ça que nous pouvons aussi les reconnaître.

  • curiosité : quelque soit le sujet de prédilection, les HPI n’arriveront pas à se rassasier des connaissances mises à leur disposition. Ils devront toujours aller chercher plus loin car ils ont une soif d’apprendre. Pas de boutons OFF à l’horizon. Attention, les HPI peuvent n’être attirés QUE par ce qui les intéressent et totalement se désintéresser du reste, bien que leurs centres d’intérêts ont tendance à être plus variés que pour les autres.
  • créativité : les HPI ont un esprit qui généralement va plus loin que ce que l’on peut attendre d’eux, les idées ne manquent pas pour résoudre des problèmes, pour écrire, pour inventer ou encore pour dessiner. L’imagination est souvent sans limite.
  • sensibilité : plus à même à ressentir les émotions des autres, quitte à être dans la sympathie plus que dans l’empathie, mais aussi à sur-ressentir leurs propres émotions, bien trop souvent les émotions négatives d’ailleurs, les HPI auront tendance à se sentir submergés lorsque quelque chose ne va pas.
  • perfectionnisme : les HPI ont le sens du détail et aiment quand les choses sont claires et précises. Ils n’abandonneront pas tant que leur projet n’aura pas la même image que celle qu’ils se seront faite dans leur tête.
  • justice : bouleversés par les événements qu’ils considéreront comme profondément injustes, les HPI auront à cœur de vouloir faire le bien autour d’eux, de donner un sens à leur vie, et de réparer, autant que possible, les injustices auxquelles eux comme les autres sont victimes.
  • logique : un sens de la déduction particulier, une aisance dans la répartie possiblement, une pensée en arborescence, les HPI ont une structure cérébrale leur permettant une pensée intuitive, de faire des liens logiques rapidement et spontanément.
  • un décalage : les HPI peuvent se sentir incompris, marginaux, différents, avoir une faible estime d’eux-mêmes et ne pas avoir confiance en eux. Ils peuvent se sentir seuls ou mieux s’entendre avec les adultes lorsqu’ils sont enfants.
Haut potentiel intellectuel

Etre HPI est-il une force ou une faiblesse ?

Avoir un haut potentiel a des conséquences qui retentissent sur le quotidien. Les connexions neuronales sont différentes et cela a un impact plus ou moins important sur la qualité de la vie de chacun. Cette douance, au final, ne devrait ni être considéré comme un don ni comme un fardeau, mais comme une spécificité avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Les études montrent que les surdoués ont toutefois une tendance à développer du stress, des anxiétés (TAG : Trouble Anxieux Généralisé), des dépressions, des burn-out, des TCA (Troubles des Conduites Alimentaires), des addictions. Ils ont tendance à prendre les choses plus à cœur que les neurotypiques, à être davantage susceptibles car perfectionnistes.
Le fait que les zèbres se sentent en décalage avec leurs pairs, que les liens sociaux et la scolarité soient complexes influent sur leur bien-être. Ils sont également davantage en proie aux questions existentielles (sens de la vie, mort, bonheur…) et peuvent se torturer l’esprit sans raisons apparentes. Les filles haut potentiel, plus que les garçons, peuvent avoir tendance à camoufler leurs différences et à s’adapter par tous les moyens à leurs camarades, mais cet effet « caméléon », ce « faux-self » peut les stresser et les épuiser. Les compliments vains ne les satisfont pas, ils aiment être reconnu à leur juste valeur et avoir des preuves objectives de leur valeur et de leur compétences.
Leur côté « hyper » peut aussi être considéré comme une force mais aussi comme une faiblesse : hypermnésique, hypervigilant, hypersensoriel, hypersensible

Mais tous ces éléments ne créent pas nécessairement de malaise ou d’angoisse chez les HPI si ces personnes sont suffisamment bien accompagnées et soutenues durant l’enfance. Donner une explication sur les « bizarreries » ressenties permet de se sentir moins seul, moins exclu, moins anormal…

Femme asperger

Quelles sont les différences entre un HPI et un Asperger ?

Les HPI et les autistes Asperger sont trop souvent, et à tort, confondus. Ils ont bien évidemment des compétences intellectuelles particulières, même si, rappelons le, ils ne sont pas plus intelligents que les autres mais juste intelligents différemment. C’est d’ailleurs pour cette raison que la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, dans son livre « Trop intelligent pour être heureux » parle préférentiellement de « zèbre » pour en finir avec cette image de supériorité que l’on accole trop facilement au terme de “surdoué”.

Ressemblances

Ce qui les réunit, c’est tout d’abord ce sentiment de décalage avec leurs pairs : pas compris, pas sur la même longueur d’ondes, pas intéressés par les mêmes choses. Ils ont une capacité d’attention comme illimitée lorsque leurs centres d’intérêts sont mis en avant et peuvent être prolixes sur le sujet. Leur développement durant la petite enfance n’a pas présenté de particularités spécifiques, du moins inquiétant les parents. Ils sont souvent quasi autodidactes dans leurs premiers apprentissages, la lecture ou le calcul leur semblent naturel. Ils sont très touchés voire révoltés par l’injustice en tout genre, qu’ils soient impliqués ou pas du tout, et se posent des questions existentielles. Enfin, ils arrivent à développer un faux-self en société, même si le prix de ce masque social est parfois cher payé (fatigue intense, dépressions…)

Différences

Les HPI et les Asperger sont aussi très différents sur un bon nombre de points. En effet, tout d’abord, les HPI ont nécessairement un QI supérieur à 130 contrairement aux Asperger qui ont une intelligence souvent supérieur à la norme mais pas forcément au delà de 130. Les Asperger présentent très souvent des hyper ou des hyposensorialités, ce que l’on rencontre moins fréquemment chez les HPI, bien que cela existe (étiquette qui gratte, pièce trop lumineuse…). En ce qui concerne les émotions, les HPI les ressentent pleinement voire trop, en parlent et les détectent chez les autres, contrairement aux Asperger. Les HPI ne présentent pas plus que quiconque des maladresses alors que les Asperger sont généralement maladroits. Les deux types de profils développent des intérêts spécifiques dans lesquels ils aiment se retrouver et pour lesquelles ils aiment se documenter, hors les intérêts sont plus éclectiques chez les HPI que chez les Asperger pour lesquels les intérêts sont restreints et limités. C’est d’ailleurs pour cette logique d’exclusivité que les Asperger, comme la plupart des autistes d’ailleurs, n’aiment pas le changement et se complaisent dans leur routine, contrairement aux HPI.

En bref

Il n’est pas impossible que si vous lisez cet article, c’est que vous vous posez des questions, pour vous-même ou pour un proche, à propos du Haut Potentiel Intellectuel. Les stéréotypes sur le sujets sont trop nombreux et il est important de bien se documenter avant de se prononcer sur la question. Ce qui est sûr, c’est que si vous avez le moindre doute ou si vous vivez mal avec cette particularité, il peut-être intéressant de se faire tester par un professionnel, mais que si vous vivez très bien la situation et que vous avez appris à vivre pleinement avec ce profil, alors rien ne vous y oblige. Le principal est de bien connaitre qui l’on est pour bien savoir où l’on va.


© Article écrit par Pauline GEORGE | Psy en ligne